Est-on plus heureux aux États-Unis ou en France ? Dans quelle mesure la pluie est-elle associée à un sentiment de tristesse ? Comment se sent-on à cet instant précis à Helsinki ? Voici le genre de questions auxquelles le dispositif de We feel fine entend pouvoir apporter quelques éléments de réponse.
Pour y parvenir, les auteurs ont aspiré des phrases postées sur des blogs comportant les tournures « I feel… » ou « I am feeling… » ; les données ainsi collectées passent ensuite par le filtre d’un algorithme pour être finalement disséminées dans le programme. Visuellement, chaque sentiment se matérialise sous la forme d’une capsule dont la forme, la taille, la couleur et l’opacité varient en fonction de la longueur et de la tonalité du message initial. Des informations sur l’âge, le sexe, la localisation de l’émetteur et la météo au moment de la mise en ligne du sentiment sont également collectées pour être rejouées dans la création finale.
L’ensemble participe à une exploration des émotions humaines à grande échelle. Près de dix millions de sentiments et plus de deux millions de blogs ont ainsi été sondés. Plus de 15000 nouvelles entrées étaient chaque jour ajoutées à l’œuvre finale au faîte de son activité.
Le code et le design s’allient ici pour produire une interprétation poétique de la base de données. Le visiteur peut naviguer au hasard des particules élémentaires rencontrées par sa souris, ou choisir de visualiser textes et photographies de façon plus systématique à partir des métadonnées. Six formes de restitution de cette vaste palette de sentiments sont possibles : « Madness », « Murmurs », « Montage », « Mobs », « Metrics » et « Mounds ».
La fresque ainsi dépeinte par le programme nous raconte une histoire du web sur le web. Photographie éphémère qui tisse un (nouveau) réseau dans le réseau, We feel fine permet de représenter l’immensité de la toile dans un univers légèrement plus petit, et plus accueillant.
Le livre « We Feel Fine : An Almanac of Human Emotions » a été publié aux éditions Simon & Schuster.