Vous voici conduit à Cañon City, Colorado, pour une plongée au cœur de la vallée des prisons américaine. 13 pénitenciers, 36.000 habitants et plus de 7.000 prisonniers ; un comté où « même ceux qui vivent dehors vivent dedans ». Dans une Amérique en crise, David Dufresne et Philippe Brault explorent les ramifications de cette florissante industrie carcérale – « la version clean de l’enfer » – dans un road-movie interactif où l’internaute prend en partie le volant.
Enregistrez-vous à la réception du motel, ce sera votre base arrière et le point de départ d’une aventure narrative que vous suivrez – selon vos choix – sur une autoroute linéaire ou en prenant des chemins de traverse plus interactifs.
L’architecture du programme adopte le squelette des arêtes d’un poisson, nervuré par certains codes du jeu vidéo. Garez votre voiture au bord de la route pour rencontrer un gardien de prison, un shérif, une journaliste d’investigation ou une femme de détenu. De votre QG, consultez les fiches et les indices glanés en cours de chemin, et approfondissez votre exploration de la vallée. N’hésitez pas non plus à faire une pause pour alimenter les forums de discussion mis à la disposition des internautes-citoyens ou, dans les mois qui ont suivi la publication du programme, pour participer aux chats organisés par les réalisateurs.
« L’hospitalité est notre affaire », lit-on sur les cartes de visite du motel. Les auteurs du webdocumentaire se sont mis au diapason en ménageant une place de choix au webspectateur, libre de s’immerger à sa guise dans le business de l’enfermement. Libre, aussi, d’interroger le bien-fondé d’une industrie qui prospère dans un pays où un individu sur cent passera par la case prison au cours de sa vie.
Les modalités d’interactions sont multiples, ce en quoi Prison Valley constitue effectivement un programme qui « ptchaorte les outils du débat en lui-même ».